- GESTAPO
- GESTAPOGESTAPO (Geheime Staatspolizei)Police secrète de l’État nazi, contraction du mot allemand Geheime Staatspolizei. Ce nom générique de Gestapo a été utilisé par les Français occupés pour désigner à tort des organismes aussi différents que l’Abwehr (service de contre-espionnage de l’armée allemande, dirigé par l’amiral Canaris); la Kriminalpolizei, ou Kripo (police criminelle); le Sicherheitsdienst ou SD (Service de renseignements de sûreté, d’espionnage et de contre-espionnage du parti et des SS); ou encore la Sicherheitspolizei, ou Sipo (police de sûreté, faisant partie de la SS). En réalité, la Gestapo n’est que l’organe exécutif du SD et de la Sipo. Créée par décret de Goering en 1933, passée en 1934 sous l’autorité de Himmler, Reichsführer SS, et en fait sous celle de son redoutable adjoint Heydrich, elle est dirigée du commencement à la fin du IIIe Reich par Heinrich Müller.Dans l’énorme machine policière SS construite par le duo Himmler-Heydrich, la Gestapo prendra une part considérable à l’asservissement de l’Autriche, de la Tchécoslovaquie et de la Pologne, en dépit des protestations de certains généraux de la Wehrmacht. La Gestapo s’installe dès août 1940 dans la France occupée. Toutefois, les chefs militaires d’occupation la cantonnent dans un rôle de renseignement et de propagande, sans pouvoir d’exécution. Ce n’est qu’en avril 1942 que Himmler obtiendra du Führer que les pouvoirs de police en France soient enlevés aux militaires et confiés au général de police SS Karl Oberg. La Gestapo va alors absorber les services militaires de la police secrète de campagne, renforcer considérablement l’action de ses quelque 1 500 policiers allemands par le concours de plus de 40 000 auxiliaires français de tous les milieux, dont les plus tristement célèbres sont ceux de la bande Bonny-Lafont, de la rue Lauriston à Paris. La Gestapo procède à un nombre considérable d’arrestations (40 000 en 1943) sans compter des rafles massives comme à Clermont-Ferrand, Marseille, Grenoble et Cluny; elle incarcère ses victimes à Fresnes, à la Santé, au Cherche-Midi, en province dans les prisons locales. L’usage de la torture lui a été recommandé dès le 10 juin 1942 par une note de Berlin relative aux «interrogatoires renforcés» dont elle se fait une spécialité. Les incarcérés qu’elle juge mineurs sont dirigés comme «réserve d’otages» au camp de Romainville et alimentent les exécutions d’otages, notamment celles du Mont-Valérien. Les incarcérés qu’elle juge majeurs sont envoyés, ainsi que les juifs raflés en masse, dans les camps de concentration ou d’extermination en Allemagne.Les mêmes faits se reproduisent dans les autres pays de l’Europe occupée.Gestapo(la) abrév. de Geheime Staatspolizei, "police secrète d'état". Police politique du IIIe Reich, créée en 1933, réorganisée en 1936 par H. Himmler et R. Heydrich. Elle sévit en Allemagne et dans tous les territoires occupés par les forces nazies.⇒GESTAPO, subst. fém.Police politique secrète de l'Allemagne nazie. Bloch fut arrêté, jeté dans une cellule du sinistre fort Montluc, battu, torturé par des brutes. On le vit dans les locaux de la Gestapo, le visage en sang. On sut qu'il avait été soumis à l'affreux supplice du bain d'eau glacé (L. FEBVRE, Combats pour hist., Bloch et Strasbourg, 1939-45, p. 407).— P. anal. Police aux pratiques arbitraires et employant la torture. Les gestapos s'affairent, les prisons s'emplissent, les tortionnaires inventent (A. CÉSAIRE, Discours sur le colonialisme, p. 11 ds ROB. Suppl. 1970).REM. Gestapiste, subst. masc. Membre de la Gestapo. J'avais très peur qu'il n'attirât sur nous l'attention des gestapistes (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 256).Prononc. : [
]. Il s'agit d'une prononc. intermédiaire entre celle de l'all. [
] et celle trop francisée [
] (cf. DUPRÉ 1972, p. 1113). Étymol. et Hist. 1936 (Décrets du 2 févr. et du 17 juin 1936, v. Lar. 20e Suppl.). Empr. à l'all. Gestapo, terme fabriqué en 1936 par la combinaison des initiales de : Ge [heime] Sta [ats] po [lizei] « police secrète d'État », de geheim adj. « secret », Staat « État », Polizei « police ». Fréq. abs. littér. : 88. Bbg. COLOMB. 1952/53, p. 327.
gestapo [gɛstapo] n. f.ÉTYM. 1934; de l'all. Geheime Staats Polizei « police secrète d'État ».❖♦ Police politique de l'Allemagne nazie. → (argot) Carlingue. Abrév. : gestape [gɛstap] n. f. (v. 1945, in Dico-plus).♦ Par anal. Se dit d'une police secrète qui emploie la torture.0 Un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s'affairent, les prisons s'emplissent, les tortionnaires inventent (…)Aimé Césaire, Disc. sur le colonialisme, p. 11.❖DÉR. Gestapiste.
Encyclopédie Universelle. 2012.